Très bel article de Remy Sauer

par rémy sauer, publiée le 19/03/2013 à 05:00  |

athlétisme Après son nouveau titre de championne de France junior sur 200m Ntiamoah, la perle

Brigitte Ntiamoah, la meilleure de sa génération sur 200m en France, dispose d’une palette lui permettant de s’exprimer du 100m au 400m. Photo photoathlé – manu chapelle

Triple championne de France junior sur 200m en l’espace d’un an, Brigitte Ntiamoah constitue le plus grand espoir de l’athlétisme alsacien. Désormais, elle rêve d’Europe. Rendez-vous en Italie, mi-juillet ?

Après un premier titre en cadette sur 400m, la Mulhousienne enchaîne les couronnes nationales sur 200m en junior : salle, plein air, salle à nouveau, samedi à Lyon. Ce qui ne veut pas dire qu’elle se cantonne à la distance. Pas question de brider un tel talent, qui n’a d’égal que sa timidité.
Du coup, Brigitte Ntiamoah, c’est son entraîneur qui en parle le mieux. Pascal Bleu est même intarissable sur le sujet, tenant avant tout à faire apprécier la moisson d’or à sa juste valeur.
L’athlète du FCM, donc de l’Entente Grand Mulhouse Athlétisme, 19 ans depuis le 5 mars, gagne souvent, pour ne pas dire toujours lorsqu’elle s’exprime dans sa catégorie. Pas une raison pour banaliser ses performances.

« Ce ne sera pas seulement pour y aller »

La voir disputer, en tant que junior, la finale des championnats de France élite en salle est significatif. Tout comme les chronos des deux seules espoirs de deux et trois ans ses aînées, qui courent plus vite qu’elle en France sur le tour de piste, inférieurs de 12 et 15 centièmes à peine.
Néanmoins, par nature, un entraîneur se veut perfectionniste. D’où ce petit bémol après le titre décroché samedi en 24” 21, son 3e temps de l’année. « Oui, il y a une note de déception concernant le chrono. Brigitte a les moyens de courir sous les 24” en salle. Mais nous sommes en fin de saison et il lui manquait de l’adversité. Sur ce type d’effort, quand on sait qu’on va gagner, ce n’est pas tout à fait pareil. »
Inconsciemment, on ne puise pas tout au fond de soi-même. Elle en sera donc restée cet hiver à 24”05 sur ce 200m... mais pas que. « Elle améliore aussi son record sur 60m (7”62), rappelle Pascal Bleu, et sur 400m, et encore sur une piste pourrie, à Vittel (57”40, 7e temps français sur une seule expérience). »
Toutes ces performances, sans préjuger de leur conversion en plein air, élargissent le champ des possibles. Et Pascal Bleu ne néglige aucune opportunité.
«Nous allons axer la préparation estivale sur 200m, afin de s’autoriser toutes les perspectives, du 100m au 400m. D’ici fin mai, début juin, il faudra tout de même faire un choix. Sans doute 200m ou 400m. »
L’objectif est clair pour celle qui n’a – déjà – plus rien à prouver dans l’Hexagone. Les championnats d’Europe juniors se profilent à l’horizon, du 17 au 21 juillet à Rieti, en Italie.
« Ce ne sera pas seulement pour y aller, prévient le coach. Encore faudra-t-il réaliser les minima et passer par le meeting de sélection. »

Référence à Muriel Hurtis

Sur 200m ou 400m ? Les premières sorties en mai et les comparaisons avec les chronos réalisés par la concurrence en décideront.
En attendant, on ne pourra s’empêcher d’oser, toutes proportions gardées, la comparaison avec... Muriel Hurtis, à qui elle fait penser, que ce soit par l’allure, la foulée, l’aisance de 100 à 400m, ou encore l’humilité.
Junior 2e année, celle-ci fut sacrée championne du monde de sa catégorie sur 200m, en 1998 à Annecy. Pour l’anecdote, elle a couru cet hiver un petit centième plus vite que la Mulhousienne. Enfin, à 19 ans, elle en était à 23” 63 en salle, avant un record en 22” 76 en plein air.
Un exemple auquel se référer pour Brigitte Ntiamoah, qui n’en est pas là et à qui on n’en demande pas tant. La tête sur les épaules, elle dispose de la lucidité nécessaire pour tracer sa propre voie, sans brûler les étapes, ni ses ailes.